A PROPOS DE L'AUTEUR Léopold Courouble (Bruxelles 1861-1937) Âgé à peine de sept ans, Léopold a été mis en pension à Vanves. Pensionnaire quelque temps au Lycée Louis-le-Grand, il revient adolescent de Paris en 1877, pour achever ses humanités à l’Athénée de Bruxelles. S’il lui plaira, dans le cycle des Kaekebrœck [...] et quelques autres ouvrages, de peindre avec un réalisme tout imprégné de sympathie les Bruxellois bruxellisants du bas de la ville, il lui déplaisait que son entreprise amenât les esprits simplistes à voir en lui un bon Brusseleer. Inscrit à l’Université libre de Bruxelles, il en sort en 1884 avec le diplôme de docteur en droit. [...] Le métier d’avocat s’offre à lui. Il plaide quelque peu, mais il eut vite fait, dira George Garnir, de prendre en grippe la robe et le rabat du stagiaire. Il s’embarque alors comme simple matelot sur un navire qui part pour l’Amérique [...] Il s’oriente vers le journalisme [...] Voilà qu’on lui propose, en 1889, un poste de magistrat au Congo. Il l’accepte, et il apporte à ses fonctions un zèle méritoire. Mais des ennuis de santé interrompent sa carrière africaine. EXTRAIT C’est à la fin janvier, vers six heures du soir, que j’arrivai à Léopoldville par le chemin de fer. Le ciel était brouillé, soucieux ; un jour livide enveloppait le beach au milieu duquel une immense baleinière en montage arrondissait ses côtes de tôle encore incomplètes, tel un fossile monstrueux récemment extrait d’une couche primaire. Le crépuscule commençait ; la nuit allait tomber « comme un évanouissement ». C’est pourquoi je ne m’attardai pas à analyser l’impression que ce paysage nouveau produisait sur mon âme toujours inquiète et un peu dispersée. D’ailleurs, deux gentlemen venaient de s’approcher, qui me souhaitaient la bienvenue. C’étaient MM. Heggen et Pirard, le juge et le substitut du Procureur d’État. Ils donnèrent des ordres pour que mes bagages fussent transportés sans délai dans la maison des magistrats ; puis, m’ayant présenté quelques fonctionnaires et officiers de la Force publique, ils m’invitèrent à faire l’ascension du plateau.
Plongez-vous avec humour dans les chroniques de familles bruxelloises Voici des « mœurs bruxelloises » mises en scène au travers des rapports entre les familles Kaekebroeck, Mosselman, Rampelbergh, Posenaer et autres habitants du « bas de la ville », héros pittoresques, croqués avec une grande dextérité. On ne peut s’empêcher de penser à Pagnol et à sa trilogie marseillaise. Des pages sobres et vraies, imprégnées d’une tendre bonhomie, vivantes et saines. Un récit attachant, de la couleur, une observation juste et pleine de bienveillance. Quant aux dialogues, dont l’auteur a compris l’importance, ils sont comme pris sur le vif tant ils sont naturels. Nul n’a mieux saisi que l’auteur de La Famille Kaekebroeck le jargon bruxellois émaillé de flandricismes, de belgicismes et de tropes hardis ou délicieux auxquels les lecteurs qui le peuvent ajoutent l’inimitable accent local. L’auteur parvient même à faire alterner, sans heurts et sans maladresses, l’atticisme de sa langue, fine et châtiée, avec le rude et burlesque baragouin de ses héros. C’est de ce contraste continuel que naît un charme irrésistible… Un classique de la littérature belge, au caractère comique et burlesque A PROPOS DE L'AUTEUR Léopold Courouble (Bruxelles 1861-1937) Âgé à peine de sept ans, Léopold a été mis en pension à Vanves. Pensionnaire quelque temps au Lycée Louis-le-Grand, il revient adolescent de Paris en 1877, pour achever ses humanités à l’Athénée de Bruxelles. S’il lui plaira, dans le cycle des Kaekebrœck [...] et quelques autres ouvrages, de peindre avec un réalisme tout imprégné de sympathie les Bruxellois bruxellisants du bas de la ville, il lui déplaisait que son entreprise amenât les esprits simplistes à voir en lui un bon Brusseleer. Inscrit à l’Université libre de Bruxelles, il en sort en 1884 avec le diplôme de docteur en droit. [...] Le métier d’avocat s’offre à lui. Il plaide quelque peu, mais il eut vite fait, dira George Garnir, de prendre en grippe la robe et le rabat du stagiaire. Il s’embarque alors comme simple matelot sur un navire qui part pour l’Amérique [...] Il s’oriente vers le journalisme [...] Voilà qu’on lui propose, en 1889, un poste de magistrat au Congo. Il l’accepte, et il apporte à ses fonctions un zèle méritoire. Mais des ennuis de santé interrompent sa carrière africaine. EXTRAIT Depuis neuf heures, enfermée dans son cabinet de toilette, la belle mais grosse Mme Keuterings s’ébouriffait et se débouriffait devant sa glace triptyque, à la recherche exaspérée d’une coiffure suggestive et moderne, quand M. Keuterings cria dans l’escalier : — Eh bien, Clémence, est-ce que ça y est ? On va manquer le convoi ! Clémence s’affola et, jetant le peigne : — Tant pis, dit-elle avec rage, je laisse mes cheveux comme ça ! Et elle s’habilla, car elle était seulement en chemise. Dans sa hâte, elle perdait la tête et ne retrouvait rien. Elle mit son pantalon à l’envers. Enfin elle passait sa robe, quand elle s’aperçut que ses souliers molière n’étaient pas lacés. Aussitôt, elle posa le pied droit sur une chaise. Mais tout à coup, un ferret sauta et le ruban de soie refusa obstinément de s’engager dans l’œillet.
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