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Le fils prodigue

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En 1956, Lilly fait partie d'un groupe d'anarchistes hongrois qui veut faire entendre ses idées au milieu du chaos, jusqu'à ce qu'elle tombe enceinte...

1956, Hongrie. Un groupuscule anarchiste profite du chaos politique pour faire entendre ses idées. Fidèle au mouvement, Lilly se voit pourtant écartée lorsqu’elle tombe enceinte du leader. Un fils naîtra, aussitôt caché aux yeux du monde.

De nos jours, en France. Laura peine à comprendre les moments d’égarement de sa mère. Sont-ils dus à la vieillesse, à une maladie, ou aux secrets qu’elle refuse de révéler ? Une lettre envoyée de Hongrie va plonger la famille dans une aventure aux antipodes de leur vie parisienne. Les certitudes des uns se retrouvent fissurées, tandis que les motivations d’un fils oublié demeurent obscures.

Le passé et le présent jonglent ensemble, laissant le futur incertain. Entre Paris et Budapest, découvrez une intrigue policière haletante, mêlant amour et rebondissements.

De Budapest à Paris, découvrez un thriller empli d'action, de suspense et d'amour familial, qui mêle passé et présent, renverse les certitudes et déterre des secrets autour d'un fils oublié.

EXTRAIT

Lilly n’était pas vraiment honnête envers Luc et Laura. Inquiets et perdus, ils cherchaient simplement à aider leur mère de leur mieux.

La communication avec les gens devenait plus difficile, certes, mais ces silences étaient si féconds ! Il n’était pas question que des drogues les vident de leur contenu pour la métamorphoser en zombie. Quitte à passer pour une originale ! Les psychiatres décelaient des problèmes là où Lilly ressentait un épanouissement. Et puis elle avait passé l’âge de se préoccuper du qu’en-dira-t-on, du regard désapprobateur des gens. Et tant pis pour les dangers potentiels, il fallait bien mourir de quelque chose. Pourquoi pas d’un trop-plein de sentiments ?

–Tout va bien, maman ? répéta Laura.

Lilly se tourna vers sa fille. Comme toujours quand elle rentrait dans ces moments lunaires, les sensations émergeaient.

« Quel joli ovale », découvrit-elle en suivant le contour du visage de Laura, encadré de cheveux bruns savamment coupés court en mèches rebelles. Une apparence enfantine s’en dégageait. « Et puis elle sent bon le chocolat chaud ! » Une ambiance de chalet de montagne s’installa. Images et ressentis se télescopaient. Une vague de tendresse maternelle resurgit, l’envie de la prendre dans ses bras.

–Tu veux que je te prépare quelque chose, un café, un thé… du chocolat chaud ? demanda Laura.

Elle ne comprit pas pourquoi sa mère se mit à rire. Lilly caressa doucement la joue de sa fille qui la regarda avec un petit pincement au cœur.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Sylvie Thomas est née à Clamart en 1958. Elle a suivi des études de lettres modernes à la Sorbonne, avant de s’orienter vers une formation de Professeur de Yoga à l’école Française de Yoga de Paris (EFY). Depuis, elle a développé des cours, ateliers et stages de yoga au sein de son association YOG’ART et dans différentes structures en région parisienne et en Provence. Le fils prodigue est son premier roman.

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LILLY-1
LILLYLe regard de Lilly s’égara vers l’horizon. À travers la vitre du salon, la nuit descendait nonchalamment sur Paris. Son appartement situé en proche banlieue parisienne surplombait la capitale. Des bribes de son enfance resurgirent… Gamine, déjà, elle restait de longs moments en contemplation presque hypnotique devant le paysage qui s’étalait devant elle. La fenêtre de la salle de bains se trouvant juste au-dessus de la baignoire, elle restait dans son bain jusqu’à ce que l’eau soit totalement refroidie, que le bout de ses doigts se ride et que son père lui crie à travers la porte : « Si tu ne sors pas, tu vas te transformer en poisson. » Quand elle fermait les yeux, elle discernait distinctement cette ligne plate coupée par endroits de quelques lignes verticales et d’une petite colline couronnée de clochers arrondis. Un résumé architectural de Paris, comme un logo. Ce soir, le ciel ondulait sous la brume et Lilly laissa sa pensée s’échapper vers une interprétation surréaliste du phénomène météorologique. Le ciel grelottait, Paris avait dû prendre froid. Le mois de décembre débutant, il y avait une logique dans tout ça ! Malgré ses soixante-dix ans, elle cultivait le côté enfantin de son caractère. Une innocence calculée ou non, va savoir… D’ailleurs, une innocence peut-elle être calculée ? Sa divagation onirique la poussa à rechercher un remède. Quels médicaments pouvaient soigner un ciel malade ? Après tout, le ciel de Paris s’embrumait fréquemment, ne serait-ce pas aller contre sa nature que d’essayer de le clarifier ? Un souffle de vent, quelques gouttes de pluie devraient suffire pour aujourd’hui… Elle sourit intérieurement. Son rêve éveillé perdura un certain temps, l’emportant vers des contrées faites de nuages de pluie balayant l’horizon sous le souffle dantesque d’un Dieu tout-puissant auquel pourtant Lilly ne croyait pas… ou plus depuis une période troublée de sa jeunesse qu’elle préférait taire. Puis soudain, alors que sa rêverie commençait à s’effilocher en tous sens, la petite lumière fusa. Une petite lumière intérieure qui, depuis quelques mois déjà, lui faisait perdre par moments le contrôle des mots. Ils se transformaient en sons n’évoquant plus rien, vidés de leur substance. Elle-même ne pouvait plus les reproduire. Quant aux notions grammaticales de sujet, verbe, complément d’objet direct, indirect… de traviole ? Bifurquant vers où, vers quoi ? Cela devenait un galimatias informel et pesant. Elle pencha légèrement la tête et le flot des paroles s’écoula de son crâne. Une libération ! Les mots ne venant plus, une interprétation différente de ce qui l’entourait se fit jour. Lors de ces décrochages, son esprit ne structurait plus, voilà, c’est cela, elle n’avait plus de construction mentale rationnelle. L’instant présent se vivait à travers des ressentis, d’ambiances, d’intuitions. Elle comprenait la situation mais n’analysait plus, ne théorisait plus et les mots fuyaient. Sa fille Laura décela ce petit mouvement qu’elle savait être le prélude chez sa mère à la perte de la parole. Ce qu’elle ne savait pas, c’est où la menaient ces plages de mutisme. Vers quelles contrées imaginaires plus ou moins défaillantes s’envolait son esprit ? –Tout va bien, maman ? Lilly ne répondit pas. Depuis plusieurs mois, ces états contemplatifs revenaient de plus en plus souvent. Ils pouvaient durer quelques minutes comme plusieurs heures. Ces phénomènes inquiétaient Laura et son frère Luc. Ils incitèrent vivement leur mère à consulter un médecin. Si elle faisait un malaise ou était victime d’un accident ? Elle vivait seule ! Comment pourrait-elle appeler les secours et surtout expliquer ce qui lui arrivait durant ces périodes muettes ? Toutes sortes de spécialistes se succédèrent pour comprendre d’où venaient les échappées mentales de Lilly : neurologue, phoniatre, gériatre, oncologue, sait-on jamais…, mais sans résultat ! Les examens ne décelèrent aucune pathologie, aucune attaque neurologique. Un bilan gériatrique la dirigea vers des psys qui, eux, ne manquèrent pas de diagnostiquer toutes sortes de troubles plus ou moins graves, lui prescrivant des médicaments roses, bleus, verts du plus bel effet artistique à ingurgiter le matin, le midi et le soir… avant, après et pendant les repas, au risque de lui faire perdre toute personnalité. Après quelques jours de déambulation triste, traînant des pieds du lit à son fauteuil et de son fauteuil à la cuisine, Lilly balança le tout à la poubelle ! Quand elle referma le couvercle, un sentiment de liberté et de révolte éclata : « Mais que suis-je devenue ?… L’enfant de mes propres enfants ! Ils décident pour moi, pensent pour moi et prennent des rendez-vous chez ces acrobates du bonnet qui, sous le couvert de théories plus ou moins fumeuses, décident de me légumifier. » Lilly n’était pas vraiment honnête envers Luc et Laura. Inquiets et perdus, ils cherchaient simplement à aider leur mère de leur mieux. La communication avec les gens devenait plus difficile, certes, mais ces silences étaient si féconds ! Il n’était pas question que des drogues les vident de leur contenu pour la métamorphoser en zombie. Quitte à passer pour une originale ! Les psychiatres décelaient des problèmes là où Lilly ressentait un épanouissement. Et puis elle avait passé l’âge de se préoccuper du qu’en-dira-t-on, du regard désapprobateur des gens. Et tant pis pour les dangers potentiels, il fallait bien mourir de quelque chose. Pourquoi pas d’un trop-plein de sentiments ? –Tout va bien, maman ? répéta Laura. Lilly se tourna vers sa fille. Comme toujours quand elle rentrait dans ces moments lunaires, les sensations émergeaient. « Quel joli ovale », découvrit-elle en suivant le contour du visage de Laura, encadré de cheveux bruns savamment coupés court en mèches rebelles. Une apparence enfantine s’en dégageait. « Et puis elle sent bon le chocolat chaud ! » Une ambiance de chalet de montagne s’installa. Images et ressentis se télescopaient. Une vague de tendresse maternelle resurgit, l’envie de la prendre dans ses bras. –Tu veux que je te prépare quelque chose, un café, un thé… du chocolat chaud ? demanda Laura. Elle ne comprit pas pourquoi sa mère se mit à rire. Lilly caressa doucement la joue de sa fille qui la regarda avec un petit pincement au cœur. Elle s’inquiétait de son évolution mentale après son rejet des anxiolytiques et antidépresseurs prescrits par les psychiatres. Mais c’était son choix et elle le respectait. Elle le respectait d’autant plus que ces médicaments se révélèrent être plus source de problèmes que d’une quelconque amélioration. Ils ne traitaient pas la cause, ils ne lui redonnaient même pas une parole digne de ce nom, tout juste quelques mots tristes prononcés lentement et si bas qu’on les comprenait à peine. En quoi cela restaurait-il une communication fructueuse et lui apportait-il une meilleure qualité de vie ? Laura était une battante, elle chercherait encore et encore une solution. Elle étudierait toute proposition raisonnable permettant à Lilly de retrouver une vie sociale satisfaisante, refusant de dramatiser la situation, avec cette pointe d’humour décalé qui faisait son charme. Et jusqu’à preuve du contraire, bilans médicaux à l’appui, sa mère n’était pas malade ! Elle ouvrit le placard où le lait était habituellement rangé, sans le trouver. –Pas de lait, pas de chocolat ! Pas de café non plus… Tu veux du thé ? Sa mère lui sourit. –Je prends ça pour un oui. Alors… thé à la menthe, thé à la menthe et… thé à la menthe ! Il est temps de faire des courses ! Laura fit chauffer de l’eau et sortit deux tasses qu’elle posa sur la petite table du salon. L’une d’elles était ébréchée. Un autre signe de la prise de distance de Lilly vis-à-vis du quotidien. Le côté « domestique » l’intéressait de moins en moins. Laura laissa glisser sa main le long des livres de la bibliothèque et choisit des poèmes de Prévert. Un remède aux angoisses des esprits cartésiens. Demain est un autre jour… Son bouquin dans une main, elle versa l’eau dans les tasses de sa main libre puis s’assit dans le pouf bleu canard informe qui s’étalait au milieu de la pièce. Elle lança un regard attentif à sa mère installée en face d’elle sur le canapé recouvert de motifs d’oiseaux des îles multicolores, se demandant combien de temps allait durer sa rêverie. Un petit côté exotique, inattendu dans l’appartement d’une femme de l’âge de Lilly, renforcé par la présence de nombreuses plantes, apportait une touche de gaieté à l’endroit. Sa santé ne lui permettant plus de se déplacer autant qu’elle l’aurait voulu tout autour du globe, elle avait fait de son intérieur une invitation au voyage. Une façon de raviver ses souvenirs et de rêver à d’autres escapades. Laura ne savait pas trop quelle attitude adopter. Tout faire pour renouer le dialogue, ou laisser sa mère dans cet état indéchiffrable qui avait, malgré tout, l’air de la rendre heureuse ! De longues minutes passèrent sans un mot, l’une lisant, l’autre rêvant. Laura finit par mettre un disque d’Édith Piaf et fredonna les paroles. Le rythme musical réamorçait parfois la dynamique du langage chez Lilly. Et c’est ce qui se produisit, sa mère se mit à chanter avec elle. –Alléluia, tu parles ! Un cierge à Marie, patronne des mamans paumées ! –Mais je ne suis pas paumée ! –Excuse-moi, maman, ce n’est pas ce que je voulais dire, mais je ne sais pas trop ce qui t’arrive quand tes pensées semblent partir ailleurs, que tu ne dis plus rien. –Je m’allège ! –D’accord, d’accord… et la petite marmotte entoura la tablette de chocolat de papier d’aluminium, rétorqua Laura, se référant à une pub loufoque qui passait à la télévision, afin de souligner l’étrangeté de l’explication de sa mère. –Mais tu t’allèges de quoi, maman ? Aurais-tu des secrets cachés ? continua-t-elle avec un sourire complice. L’humour devait l’aider, tout en naviguant à vue, à ne pas perdre le dialogue avec Lilly, aussi farfelu soit-il. –Je m’allège de ce qui m’alourdit. –Aaah… monsieur de la Palisse quand tu nous tiens ! dit Laura en soupirant. –Fiche-toi de moi, mais c’est sérieux… je synthétise… juste des images, des impressions, je relativise aussi. –C’est beau, finalement, tu devrais peindre ce que tu vois. L’impressionnisme revisité par Lilly ! –Non, tout est en moi, je n’ai pas besoin d’exprimer mes émotions sur une toile, ça les transformerait. Juste des plages de vie agréables, sans question, sans projection sur l’avenir, pas de retour vers le passé non plus. –Un état d’innocence en quelque sorte. –Oui, ça y ressemble… Mais chanter dans la rue accompagnée à l’orgue de Barbarie me tenterait bien. –Pardon… ??? Après un moment de stupéfaction, les paroles d’Édith Piaf aidant, Laura vit sa mère sous les traits d’une fille des rues clamant d’une voix rocailleuse des chansons françaises de la grande époque de Saint-Germain-des-Prés. Elle lui prit les mains, s’imaginant dans un vieux film de Marcel Carné et l’entraîna dans une valse entre les meubles du salon. Le cinéma était le péché mignon de Laura. Dans le cadre de son métier, au lycée de banlieue parisienne dite « difficile » dans lequel elle enseignait la littérature, elle incitait ses élèves à regarder des films récents comme anciens pour découvrir l’évolution de la langue française. Pour les moins réceptifs, elle espérait tout simplement les captiver par une approche plus ludique de la littérature : le texte dit pour apprécier le texte écrit ! Quelques adolescents se découvraient parfois une passion pour le cinéma ou encore mieux, d’un point de vue littéraire, pour le théâtre. Il arrivait à Laura de terminer son année scolaire par la projection d’un film, moment fort apprécié par la classe qui se divisait à cette occasion entre les jeunes qui en profitaient pour dormir, rattrapant ainsi leur soirée festive de la veille, et ceux qui jouaient le jeu pour s’ouvrir à des pensées, des cultures ou des idéologies différentes des leurs. La chanson également lui servait de support pédagogique. Des chants traditionnels au rap, tout était bon pour « faire sauter les verrous ». Ceux de la langue, ceux du milieu social ou encore ceux des origines. Ces outils pédagogiques, multiples et variés, permettaient à un maximum de ses élèves d’en tirer bénéfice et, avantage non négligeable pour elle, concouraient à la rendre populaire auprès d’eux. –J’imagine la tête de Luc si je lui explique que tu veux devenir chanteuse de rue, reprit Laura, revenant aux propos de Lilly. L’image de sa mère tournant la manivelle de l’orgue avec entrain l’amusa. –Et alors ? répondit la maîtresse de maison en se rasseyant essoufflée. Ton frère a perdu son âme d’enfant, il est bien trop rationnel ! –Pas faux, mais reconnais qu’il est toujours là pour s’occuper de ce qui « t’alourdit ». Remplir tes formulaires, effectuer des démarches auprès des administrations et, sans vouloir te rappeler de mauvais souvenirs, s’excuser auprès du postier que tu as frappé avec ton parapluie parce que tu l’avais pris pour un voleur ! –Mais il est ballot ce facteur, il est rentré chez moi sans sonner ! –N’empêche qu’il voulait porter plainte. Tu t’imagines en prison pour coups et blessures à soixante-dix ans ? Lilly dodelina de la tête mi-gênée, mi-amusée. Le côté burlesque du souvenir de la scène, son facteur courant sous ses coups de parapluie, finit par l’emporter et elle rit de bon cœur. C’est alors que le téléphone de Laura sonna, le nom de sa correspondante s’affichant à l’écran : « Carole. » Elle hésita à répondre. Son amie était aussi chaleureuse qu’envahissante. Elles se connaissaient depuis toujours, enfin depuis l’école maternelle, une éternité ! Personne ne la cernait mieux que Carole, un atout autant qu’un handicap, songea Laura. Désirait-elle se plonger dans une de leurs conversations à n’en plus finir avec conseils et reproches à l’appui ? Le moment n’était pas propice, sa visite chez sa mère lui apportant une de ces bulles d’intimité qui risquaient de se raréfier si les moments de mutisme de Lilly se multipliaient.

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