The Great Artist

Il sera toujours là. . . . Mathieu s'assied dans son canapé avec une photo en main. C'était la photo d'un jeune homme dans un lit d'hôpital, souriant grandement. Il avait les yeux verts, mais pas de cheveux. Aussi, il formait un coeur avec ses mains. Mathieu sourit tristement devant cette photo, se souvenant encore du jour où il l'avait prise. Ce jour-là, il lui avait apporté des fleurs avec sa mère et Jordyn. De belles roses rouges. Avec aussi du chocolat parce qu'il se plaignait de la nourriture de l'hôpital, trop fade. L'homme soupira. Ce qu'il lui manquait ce petit gars. Il songea alors à aller voir ses parents pour prendre de leurs nouvelles. Pris d'une faim soudaine, il se leva et alla prendre un paquet de gâteaux dans la cuisine et monta les escaliers pour aller dans sa chambre. La chambre en question était spacieuse mais pas exceptionnelle. Le lit pouvait aisément contenir deux, voire trois personnes, les murs était blancs et les armoires brun acajou. Pour ce qui est des meubles, il y avait une télévision, un bureau et des étagères. L'homme alla ensuite sur son bureau. Il mit son ordinateur par terre, sortit ses lunettes, des papiers et des crayons d'un tiroir et essaya de se concentrer. Il mit de la musique pour le détendre, Million eyes de Loïc Nottet. Ça faisait déjà deux mois qu'il n'avait rien dessiné ou peint de productif. Son dernier véritable dessin était celui de l'homme de la photo, datant d'il y a huit mois. Sur les réseaux sociaux, tout le monde lui demandait pourquoi il n'exposait plus, pourquoi il ne postait plus le moindre dessin. Seuls ses proches savaient pourquoi. Il réessaya donc de dessiner sous un thème qu'il appréciait particulièrement. Il y avait le fantastique, l'abstrait et l'érotisme. Bien qu'il les aime tous, Mathieu excelle plus dans le fantastique et l'érotisme. Et comme, il n'avait plus vraiment d'imagination, il se dirigea vers l'érotisme. Il passa la main dans ses cheveux bruns et se concentra. Il imagina alors une femme, de dos, nue, assise en tailleur, la tête légèrement tournée vers la gauche et les cheveux attachés. Il trouva l'image assez attractive, alors, il se mit à dessiner. Au fur et à mesure qu'il dessinait, le dessin prenait vie, mais son artiste ne se trouvait pas satisfait. Dans sa tête, il l'imaginait plus beau, plus attrayant. Il prit une autre feuille et recommença, cette fois-ci, la femme était de face. Ça ne donnait toujours rien. Il s'énerva et jeta les feuilles de papiers dans un tiroir de son bureau, là où étaient entassés ses centaines d'autres essais. Le brun se leva ensuite et prit son téléphone. Il envoya un message à Jordyn, sa meilleure amie. De Mathieu: Tu es occupée ? De Jordyn: Non. Pourquoi ? De Mathieu: Je veux te voir. De Jordyn: Là je suis chez moi et je ne veux pas sortir. Tu peux passer si tu veux. Damien est au boulot, on sera seul. De Mathieu: D'accord, à tout à l'heure. Il prit un de ses sacs à dos, et y mit ce dont il ne se séparait jamais. Son téléphone, son porte-feuille, sa carte bancaire, un crayon et son carnet à croquis. Il se changea ensuite, étant depuis le début de sa journée en jogging. Il mit un jean noir, un pull blanc avec par-dessus un long manteau noir et des Stan Smith blanches. Il prit ensuite son sac et alla jusqu'à sa voiture, une Mercedes. Rapidement, l'artiste arriva chez son amie. Il gara sa voiture, la vérouilla puis frappa à la porte Jordyn vint lui ouvrir. C'était une grande femme noire avec les cheveux relevés, de grands yeux marrons et des lèvres légèrement pulpeuses. Elle ouvrit grand les bras à Mathieu, qui alla s'y jeter en lui déposant un bisou sur la joue. — Entre, il fait froid. Mathieu s'exécuta, laissant ses chaussures dans l'entrée, et accrocha son manteau. Il alla ensuite au salon pour s'asseoir sur le canapé. Jordyn alla chercher des verres, et leur servit du vin. — Alors ? Que me vaut l'honneur de ta visite ? — Rien. Je voulais juste te voir et passer du temps avec toi. Je dois encore voyager dans trois jours donc je profite. — Oh je vois. C'est quoi la prochaine destination ? — Tu vas pas me croire. — Dis ! — A Tokyo. Jordyn ouvrit grandement la bouche. Elle avait toujours rêvé de visiter le Japon. — Emmène-moi avec toi ! Pitié ! — Ngango, c'est pour le travail. Tu ne peux pas venir. Mais je te promet que quand on aura du temps, on ira ensemble. — C'est toi qui paye, hein Struthers ? — Rêve toujours chérie ! Ils continuèrent de discuter, surtout de Noël qui approche à grands pas. Mathieu avait prévu de le passer en famille, loin de l'agitation de la ville de New-York. Jordyn avait une soirée organisée dans sa galerie. — Sinon, tu as repris l'art ? — Avant de venir, j'ai essayé. Mais ça n'a rien donné de bon. — J'ai d'ailleurs une proposition à te faire à ce sujet. Là, Mathieu fronça les sourcils. La dernière fois que Jordyn lui avait proposé quelque chose, c'était à Halloween, mais les thèmes ne lui convenaient pas. L'étrange et le morbide, c'est pas son truc. — Je t'écoute. — Tu sais qu'à chaque fête ou évènement important, j'organise de grandes expositions dans ma galerie d'art. Il y en aura une pour Noël, mais il est bien trop tard pour celle-là. Je veux plutôt te parler de celle de la Saint-Valentin. Le thème sera l'amour et l'érotisme. Bien sûr on peut combiner ou dissocier les deux. Le prix pour louer un emplacement est le même que d'habitude, et tu décides du prix de ton oeuvre. Tu peux peindre, sculpter, prendre en photo, tout ce que tu veux tant que ça correspond au thème et que c'est joli. — C'est vrai que le thème me correspond. Mais je ne sais pas trop. Ça fait longtemps que je n'ai pas réalisé de chef-d'oeuvre. — Je sais. Mais je veux t'aider parce que je sais que c'est ta passion. Depuis que Nathan n'est plus là, tu ne fais rien de bon. En plus je m'aiderai en t'aidant aussi. Il lui jeta un regard indifférent. — Mathieu, tu es un mannequin, dessinateur-peintre et photographe assez célèbre. Quand tes fans vont savoir que tu exposes chez moi, ça va faire quand même du bruit. Ma galerie sera plus connue et les visiteurs te découvriront aussi en tant qu'artiste. — Intéressant... Je pense à accepter. — Eh bien sache que tu penses bien. — Mais je ne sais pas quoi dessiner. J'ai essayé une femme avant de venir, mais je n'étais pas satisfait. —Dessine un homme dans ce cas ! — Jordyn... — Quoi Jordyn ? Aies juste confiance en toi, Nathan sera avec toi. — Il sera toujours là. Je pense que tu auras ta réponse quand je reviendrai. — Très bien. Ils discutèrent encore un peu, puis Mathieu s'en alla. Au lieu de retourner chez lui, le châtain alla acheter un bouquet de fleurs, puis se dirigea vers un cimetière. Il ne marcha pas longtemps avant de trouver LA tombe. Celle de Nathan. L'amour de sa vie, le seul et l'unique.