Titre-1
Romance
Editions « Arts En Mots »
Illustration graphique : © Val
CHAPITRE 1
SARAH
Voilà maintenant une semaine que ma sœur est au courant pour Enzo et moi. Elle a plutôt bien pris l'annonce de ma grossesse, j'avoue que je ne m'y attendais pas. Enzo aussi est soulagé que tout se soit bien déroulé. Maintenant, il faut que je tienne au courant Gaby que je n'habite plus dans mon petit appartement. Depuis qu'il a demandé à Lyana de l'épouser, je n'ai aucune nouvelle. Enzo m'a conseillé de le faire ce soir. Apparemment, il a réservé une table dans un restaurant qui vient tout juste d'ouvrir pour que l'on puisse l'annoncer à nos amis.
Ce soir, c'est le troisième que je passe seule. Enzo est de garde cette nuit. Heureusement, le week-end approche. Les soirées sont longues sans lui. Bien sûr on s'appelle et on s'envoie des SMS jusque tard dans la nuit, mais ça ne remplace pas sa présence.
En parlant travail, il faut absolument que je le prévienne que je suis censée reprendre le travail lundi. Je ne compte pas rester enfermée durant toute ma grossesse. Je suis dans notre lit, Fiona collée à moi. J'ai emprunté l'ordinateur portable d'Enzo pour que le temps passe plus vite. J'en profite pour appeler Gaby via Skype. Mais qu'il est long à répondre !
— Coucou ma puce. Désolé j'étais un peu occupé si tu vois ce que je veux dire, m'avoue-t-il.
— Pitié, je ne veux rien savoir. Épargne-moi ça s'il te plaît, dis-je en rigolant.
Et là qui vois-je passer à l'écran vêtu d'un simple drap ? Lyana bien sûr !
— Salut Sarah, tu vas bien ? me demande-t-elle sans aucune pudeur.
— Salut Lyana. Oui ça va, et vous alors ?
Tous deux se regardent amoureusement.
— Tout va bien. Ça ne se voit pas ?
— Si si, en tout cas ça a l'air. Je ne vais pas vous embêter très longtemps. Enzo et moi aimerions vous inviter demain soir. Il a réservé une table déjà.
Nos deux amis paraissent étonnés.
— Oh ! Ben écoute avec plaisir. Enfin une occasion de se revoir.
— Oui, ça fait trop longtemps, dis-je avec une petite moue.
—Et comment se passe ta grossesse ?
— En fait ça dépend des jours. Je me sens très fatiguée, mais je vais bien.
— Tant mieux. J'ai hâte de te voir. Tu m'enverras l'adresse qu'on se rejoigne sur place.
— Je demanderai à Enzo, ou au pire, Lyana n'a qu'à l'appeler.
— OK. On fait comme ça. Je te dis à demain alors. Je t'embrasse princesse. Prends soin de toi.
— T'en fais pas pour ça. A demain, bonne soirée à vous deux.
— Bisous Sarah, crient-ils tous les deux en chœur.
À les voir tous les deux, ils ont l'air heureux. Ça fait plaisir à voir. Je crois que je n'ai jamais vu Gaby aussi bien avec une fille. La soirée se passe tranquillement devant la télé. Je ne fais que zapper, il n'y a rien d’intéressant. Pour vous dire, je m'endors devant.
ENZO
J'ai enfin terminé ma garde. J'ai hâte de rentrer et de retrouver ma petite femme.
— Enzo attends !
Je me retourne et aperçois l'une des infirmières qui travaillent avec moi. Je m’arrête, et elle arrive à ma hauteur.
— Qu'y a-t-il Lucie ?
— Je voulais te demander si un de ces jours, tu serais d'accord pour aller boire un verre ou...plus si affinités.
Je vois clair dans son jeu. Plus ça va, plus elle s'approche de moi. Jusqu'à même me caresser le bras.
— Désolé Lucie, je ne suis pas intéressé.
— Tu es sûr ? Pourtant aux dires de certaines collègues, il paraîtrait que tu es un sacré bon coup.
Lucie est collée à moi, je peux sentir sa poitrine contre moi. Enzo reste concentré et dis-lui que tu n'es plus sur le marché des célibataires !
— Lucie écoute, commencé-je tout en la repoussant gentiment. Je vais être honnête avec toi. Tu m'aurais fait la même proposition il y a quelques mois, je n'aurais pas hésité une minute, ça je peux te l'assurer. Mais voilà, depuis j'ai rencontré une femme extraordinaire qui va me donner un beau bébé dans quelques mois. Alors, désolé mais trouve-toi un autre gars !
Elle paraît surprise par ma révélation, puis elle me sourit.
— Oh ! Alors elle a bien de la chance. Félicitations Enzo. Vraiment ravie pour toi.
Je suis soulagé qu'elle le prenne aussi bien.
— Merci Lucie. En fait je ne sais pas si elle a de la chance de m'avoir, mais ce qui est sûr, c'est que moi j'ai beaucoup de chance de l'avoir rencontrée.
Elle me sourit et elle me dit :
— Ah, c'est beau l'amour. Tous mes vœux de bonheur alors, dit-elle en m'embrassant sur la joue.
— C'est gentil. Allez, je file rejoindre la femme de vie. Bonne nuit.
— Bonne nuit Enzo, à bientôt.
Cette situation me fait sourire. C'est vrai que peu de personnes savent que j'ai trouvé l'amour et que je vais être papa. Je devrais sûrement faire une annonce pour éviter ce genre de scène. La route jusque chez moi me semble interminable.
Enfin je suis à la maison. Je ne prends même pas la peine de retirer ma veste que je file directement dans la chambre. J'évite d'allumer, je m'éclaire à l'aide de mon portable pour ne pas la réveiller. Sarah dort paisiblement à ma place, le nez enfoui dans l'oreiller. Qu'elle est belle. J'ai beaucoup de chance de l'avoir rencontrée dans ce parc. En fin de compte c'est grâce à Fiona. Si elle n'avait pas pris la fuite, jamais je ne serais tombé sur Sarah et je serais passé à côté d'une belle histoire. J'ai énormément changé depuis ce jour. Je suis plus posé, plus sérieux surtout.
— Enzo ?
— Oui ma puce, c'est moi. Chut, rendors-toi, j'arrive.
Je la regarde une dernière fois, et je file sous la douche pour retirer toutes les odeurs de l’hôpital. Une fois propre je rejoins donc Sarah qui est toujours à ma place. De peur de la réveiller, je me couche donc de son côté. Je l'enlace le sourire aux lèvres et je m'endors.
SARAH
Lorsque je me réveille, je sens qu'Enzo est là dormant paisiblement à mes côtés. Je décide de me lever discrètement pour lui préparer le petit déjeuner. Pour une fois, c'est moi qui vais le servir au lit. Café noir, jus d'orange. Voilà tout ce qu'il avale le matin. J'accompagne le tout d'un petit mot que j'écris rapidement.
— Enzo, mon amour. Ce petit mot simplement pour te dire que je t'aime et que je suis heureuse de porter ton enfant.
Je souris ravie et emporte le plateau dans la chambre que je pose à côté de lui. Je le réveille en douceur avec des caresses sur le bras et le dos. Je sais qu'il adore ça, alors je continue.
— Hum, tu peux descendre plus bas tu sais.
Alors lui et ses pulsions ! Toujours envie de sexe, même au réveil. Pour seule réponse, je lui claque la fesse.
— Ça c'est pour la dernière fois ! dis-je tout de même en me sauvant aussi vite que je peux par peur des représailles. M'enfermant dans la salle de bain je souris bêtement.
— Sarah, sache que je me vengerai, entendis- je au travers de la porte.
Je ne lui réponds pas, mais je souris...encore. Une fois dans mon bain, je rêvasse. Je pense au jour où le bébé sera là. J'ai vraiment hâte de le tenir dans mes bras. J'espère qu'il ressemblera à Enzo. Je soupire de bien-être.
Une demi-heure que je suis dans l'eau. Il va peut-être falloir que je sorte de mon bain. Je m'enveloppe donc du peignoir de Enzo et là je m'aperçois que je perds du sang. Oh non pas ça !
— Enzo ! crié-je.
Je déverrouille la porte et il entre en trombe.
— Ma puce ?
Je lui montre alors mes cuisses tachées. J'ai les larmes aux yeux, j'ai peur.
— Calme-toi d'accord. Je vais appeler Kyle. Viens avec moi et allonge-toi.
— Enzo...et si je perdais le bébé.
— Chut, ne pense pas à ça.
Enzo m'installe au lit et s'en va chercher son portable. Les minutes semblent interminables. J'espère qu'il réussira à joindre son collègue. Au bout de plusieurs minutes, il revient enfin. J'attends anxieuse qu'il me dise.
— Sarah. Kyle aimerait t'ausculter pour être sûr que tout va bien. Étant donné que tu perds du sang, il le fera ici pour empêcher que tu ne bouges de trop. Apparemment, ça arrive souvent dans les premiers mois de la grossesse. Donc, essaie de ne pas t'en faire, d'accord ? Tu as de la chance que ce soit un collègue, autrement on aurait été obligés d'aller aux urgences.
— J'essaie de ne pas m'en faire, je t'assure, mais j'ai peur. Je ne veux pas perdre notre bébé, dis-je les larmes commençant à couler.
— Oh ma puce. Ça n'arrivera pas, je te le promets.
Enzo me prend dans ses bras, me berçant comme un enfant.
— Enzo reste avec moi s'il te plaît.
Il s'installe dans le lit, je suis toujours dans ses bras réconfortants. Nous sursautons tous les deux lorsque nous entendons l'interphone. Enzo se lève.
— Je reviens, tu ne bouges pas !
J’appréhende ce que Kyle va me dire. Je les entends arriver jusque dans la chambre.
— Bonjour Sarah. Alors comment vous sentez-vous ?
— Bonjour Kyle. Mise à part les saignements, je me sens bien.
— Aucune douleur au ventre ?
— Non aucune.
— Bien. Je vais vous ausculter, mais sachez qu'il est fréquent d'avoir des saignements en début de grossesse. Enzo, tu peux nous laisser le temps que j'examine Sarah s'il te plaît ?
Enzo ne dit rien, mais s’exécute. Kyle sort du matériel de sa sacoche, dont un échographe portatif et me demande de me détendre.
ENZO
Je déteste ne pas savoir ce qu'il se passe. J'ai dû sortir de la chambre le temps de l'auscultation. Je tourne comme un lion en cage, Fiona me regarde faire, se demandant ce qu'il m'arrive.
— Ce n'est rien ma belle. Ça va bien aller.
Voilà que je parle avec ma chienne, je ne vais vraiment pas bien. De là où je suis, je les entends discuter et même rigoler. Pendant que moi je me fais du souci, ils ont l'air de bien s'entendre. Heureusement que Kyle est gay.
Au bout d'un temps qui m'a paru interminable, il vient à ma rencontre.
— Alors ? demandé-je inquiet.
— Je pense qu'il n'y a pas d'inquiétude à avoir. Les saignements ont l'air de s’être atténués et son col est normal. Tu nous rejoins Enzo s'il te plaît ?
Je le suis sans broncher et je m'assois à coté de Sarah que je prends dans mes bras.
— Enzo, Sarah. Sachez qu'il est assez courant en début de grossesse d'avoir ce genre de saignement. Un quart des futures mamans ont ainsi ce genre de désagrément durant le premier trimestre. Disons qu'ils font partie des symptômes normaux de la grossesse. C'est pour ça que j'ai pratiqué une échographie. Je vous rassure, votre bébé est bien installé, donc nous pouvons écarter une grossesse extra utérine. Sarah, je vous prescris tout de même quelques petits examens supplémentaires. Si les saignements venaient à redoubler, rendez-vous directement aux urgences.
Sarah et moi sommes très attentifs à tout ce que Kyle nous dit.
— Voici votre ordonnance, et on se revoit dans quinze jours.
— Merci beaucoup Kyle de vous être déplacé.
— Avec plaisir. Je n'aurai pas un faible pour Enzo, je n'aurai pas fait le déplacement, avoue-t-il en souriant. J'espère que j'ai réussi à vous rassurer.
— Oui, ça va mieux merci.
— Bon et bien je vous laisse les amoureux. Enzo prend bien soin de ta belle, dit-il en nous faisant un clin d’œil. Oh, j'ai failli oublier. Enzo, durant quelques jours pas de sexe. Tu laisses Sarah se reposer.
Nous rigolons tous les trois.
— Pas de soucis, tant qu'elle peut s'occuper de moi.
Je m'aperçois alors que Sarah est embarrassée par ce que je viens de dire. Kyle se marre, je l'aime bien, il est plutôt cool et puis Sarah a l'air de bien s'entendre avec lui.
— J'y vais. Enzo pas besoin de me raccompagner, reste avec ta chérie. A bientôt et soyez sages tous les deux.
Une fois parti, Sarah veut se lever. Je lui interdis, du coup elle boude. J'aime ça moi lorsqu'elle boude.
— Enzo, je me sens bien je t'assure.
— Et moi, je te dis de rester au lit. Au moins jusqu'à demain. Et après nous verrons où en sont tes saignements.
Résigner, elle s'allonge en me tirant la langue. Elle sait que j'ai raison, même si elle ne l'avoue pas.
— Mais Enzo, ce soir on devait voir Gaby et Lyana.
— Eh bien on remet ça. Peut-être demain soir, si tu vas mieux. Je vais aller prévenir Lyana que c'est annulé pour ce soir. Toi, tu te reposes. Ordre du médecin !
Il se lève alors, prêt à sortir de la chambre.
—Oh, j'ai failli oublier. Merci pour ton petit mot avec le petit déjeuner. En venant m'embrasser tendrement.
Je sors de la chambre et j'appelle Lyana.
— Bonjour Enzo. Tu vas bien ?
— Bonjour ma belle. Oui oui ça va. Dis, si je t'appelle c'est pour te prévenir que ce soir c'est annulé.
— Oh ! Qu'est-ce qui se passe ?
— Sarah doit rester aliter. Elle a perdu un peu de sang. Mais, rassure-toi, tout va bien. Apparemment, ce serait normal en début de grossesse.
— Oh mince. J'espère que ça ira.
— Oui je l'espère. Donc, tu rassures Gabriel s'il te plaît.
— Oui bien sûr, pas de soucis. Prends bien soin de Sarah et on se voit très vite.